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Maîtriser l’impact des déblais de Cigéo sur l’environnement

Que deviendront les déblais de roches issus du creusement de Cigéo ? Ils seront déposés en surface, sur la zone puits du centre de stockage, sous forme de verses*, avant d’être en partie réutilisés pour combler le stockage lors de sa fermeture. Encore faut-il maîtriser l’impact sur l’environnement de ces dépôts particuliers. C’est l’objet de l’expérimentation EVA (pour Eaux des Verses d’Argilites), en cours sur la verse du Laboratoire souterrain en Meuse/Haute-Marne. Explications.

« Les déblais de Cigéo sont constitués d’argilites. Dans le sous-sol, cette roche dure, très compactée, est peu perméable et sans oxygène. Une fois excavée et exposée aux conditions de surface, elle est moins compactée, et une réaction d’oxydation des minéraux contenus dans l’argilite a lieu. Des éléments chimiques peuvent dès lors se retrouver dans les eaux de surface et les eaux souterraines s’ils ne sont pas collectés et traités, explique Paul-Olivier Redon, adjoint au chef de service environnement et eaux de surface à la direction scientifique et technique de l’Andra, et pilote de la thématique « Verses » à l’Agence. Ces phénomènes sont aujourd’hui bien documentés. Notre rôle est d’apporter des informations complémentaires pour dimensionner correctement les verses et les nécessaires systèmes de collecte et de retraitement des eaux associés. À cet effet, un vaste programme d’études des verses a été lancé. L’expérimentation EVA en fait partie. »

 

De quoi s’agit-il ?

Cette expérimentation vise à acquérir de nouvelles données sur la géochimie d’une verse et les écoulements d’eau à l’intérieur et à sa surface (infiltration et ruissellement). Pour cela, différents dispositifs instrumentaux ont été mis en place l'année dernière sur la verse du Laboratoire souterrain (cf. schéma ci-dessous). Pendant au moins trois ans, ils permettront de mettre au point des méthodes de suivi des écoulements d’eau et des évolutions morphologiques de la verse, de mieux connaître la composition chimique des eaux collectées et d’affiner la compréhension des processus d’oxydation et de transfert de l’eau et des éléments.

 

Et après ?

Une deuxième expérimentation, constituée de planches d’essais, est lancée cette année afi n de préciser les modalités et les contraintes de réalisation des verses et des dispositifs de traitement des eaux de ruissellement. Les données obtenues serviront à développer et à valider un modèle du fonctionnement hydrogéochimique d’une verse permettant d’anticiper son évolution dans le temps.

 

*Verses : Monticules formés de déblais d’excavation, de forme aplatie au sommet (synonyme de terril plat)

L'expérimentation EVA

— Ruissellement

  • Deux parcelles de ruissellement sont délimitées sur de l’argilite fraîchement excavée et de l’argilite plus ancienne. Un dispositif permet de mesurer les débits d’écoulements et collecter les eaux de ruissellement pour pouvoir les analyser.
  • Un pluviomètre mesure la quantité d’eau qui arrive sur la verse.

— Infiltration (ou percolation)

  • Plusieurs types de capteurs insérés à diff érentes profondeurs sont testés pour mesurer au mieux et en continu la teneur en eau.
  • Une plaque dite « lysimétrique » collecte les eaux qui ont traversé la roche pour permettre leur analyse et mesurer les débits d’eau percolée.

— Caractérisations géomécaniques et géophysiques

  • Des campagnes annuelles de mesures géomécaniques (densité, teneur en eau, perméabilité) sont réalisées pour définir les propriétés physiques de la verse.
  • Des méthodes géophysiques sont testées afi n d’estimer la teneur en eau de la verse.

— Évolution morphologique

  • La numérisation en 3D des parcelles de ruissellement permet de suivre l’apparition de changements morphologiques sur les pentes (ravines, creusements, affaissements) et leur évolution dans le temps.

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