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Alimenter Cigéo en énergie : une opportunité de développement pour le territoire

Initiée en mars 2019, la concertation sur les besoins énergétiques de Cigéo a franchi une étape importante le 6 juin à Echenay. Objectif ? Faire de l’approvisionnement énergétique de Cigéo une opportunité de développement durable pour le territoire.

Chauffer, ventiler, refroidir les bâtiments techniques et administratifs… Au total, Cigeo aurait besoin de 16 000 mégawattheures par an d’énergie thermique pour fonctionner. « La première solution que nous avions envisagée était le gaz depuis le réseau de transport de gaz naturel de GRTGaz, rappelle Frédéric L’Honneur, chargé d’affaires pour les opérations d’aménagements hors site du projet Cigéo. Nous souhaitions être exhaustifs et analyser les alternatives qui permettraient de limiter nos émissions de CO2. » Une étude d’opportunités commandée par l’Andra au bureau d’études Egis en 2018 a permis de répertorier toutes les solutions d’approvisionnement énergétiques envisageables.

 

Trois sources d’énergie à privilégier

Énergie solaire, biomasse, géothermie, méthanisation, récupération de chaleur… Différentes solutions ont été présentées durant une conférence animée par des experts du secteur de l’énergie (Egis, ADEME, Dreal). « Lors de cette première réunion, la biomasse, la récupération de chaleur et la méthanisation ont été privilégiées par rapport à la géothermie et à l’énergie solaire », explique Frédéric L’Honneur.

En effet, ces deux dernières technologies exigeaient un accroissement de l’emprise au sol avec un rendement ne permettant pas de garantir l’apport thermique. Deux ateliers de travail réunissant les élus, les chambres d’agriculture, les agriculteurs, les acteurs forestiers et les industriels du territoire ont ensuite mis en lumière les atouts et les inconvénients des sources d'énergie privilégiées : la récupération de chaleur, liée à la production de charbon de bois par Carbo France, une entreprise du territoire ; la biomasse avec la création d’une ou plusieurs chaudières biomasse pour alimenter Cigéo voire les communes alentour ; et le biogaz avec la création de plusieurs unités de méthanisation (cf. infographie ci-dessous).

 

Trois options à développer

Des différents travaux découlent trois grandes options. L'option actuellement retenue et à approfondir par l'Andra est l'utilisation de chaufferies biomasse sur la zone descenderie et sur la zone puits, associées à des chaufferies gaz en appoint. Ensuite, le public a choisi deux options alternatives à étudier. La première prévoit la création d’une chaufferie biomasse centralisée (externe à Cigéo) couplée à un réseau de chaleur, pour valoriser la filière bois du territoire, toujours associée à des chaudières gaz (internes à Cigéo) pour lisser les consommations de pointe et assurer la sûreté du fonctionnement. « Ce scénario s’appuie sur l’usine de Carbo France à proximité de Cigéo (cf. interview ci-dessous), en récupérant la chaleur dégagée des fours et des déchets de bois impropres à la fabrication du charbon. Une solution qui permettrait également de centraliser la production de chaleur tout en limitant les transports et les émissions de CO2 », précise Frédéric L’Honneur. Le second scénario alternatif consisterait à implanter plusieurs unités de méthanisation reliées entre elles par un réseau de gaz desservant le territoire et Cigéo, « un moyen de valoriser les déchets agricoles du territoire et de développer cette filière dans la région. »

Près d’une centaine de participants ont assisté aux différentes réunions. L’Andra va maintenant avancer avec les acteurs du territoire autour des deux scénarios alternatifs proposés. « L’objectif sera d’affiner le cadrage technique, d’identifier les acteurs concernés, les financements complémentaires potentiels, les calendriers, etc. À l’issue, les études plus détaillées pourront être lancées », explique Frédéric L’Honneur.

 

 

Le point de vue des garants

« La présentation de l’étude du cabinet Egis a permis de bien poser la problématique dès l’ouverture de la concertation. Tout le monde a pu prendre la parole et des propositions concrètes ont été faites par les participants, ce qui montre l’intérêt suscité par ce sujet. Si on peut regretter le peu de mobilisation des riverains, cette concertation a été efficace et a permis à chacun de s’exprimer et de prendre part à l’élaboration des projets. Les scénarios de développement proposés doivent continuer à être étudiés en concertation avec le public. » Jean-Daniel Vazelle

Infographie : les besoins énergétiques de Cigéo

Témoignages

« Nous aimerions créer une source supplémentaire d’approvisionnement en gaz pour desservir notre territoire »

« L’enjeu pour nous est de faire en sorte que le territoire tire des bénéfices de Cigéo. Pour sécuriser le scénario “méthanisation” sur les 100 ans que devrait durer Cigéo, nous avons donc demandé qu’une source supplémentaire d’approvisionnement desserve Cigéo ainsi que les villages, usines et entreprises du territoire. »

Laurent PHILOUZE, maire de la commune de Ménil-sur-Saulx et président du Pays barrois

 

« L’arrivée de Cigéo serait une très belle opportunité pour nous »

« Nous travaillons avec le CEA sur un nouveau four de carbonisation que nous allons installer dans une nouvelle usine dans la zone Bure-Saudron entre 2020 et 2021. Nous aimerions pouvoir valoriser la chaleur qui se dégage du charbon de bois que nous produisons ainsi que nos 6 000 tonnes annuelles de déchets de bois. L’arrivée de Cigéo serait donc pour nous une très belle opportunité de créer quelques emplois et de diversifier nos activités. La concertation a été l’occasion de donner un avis de terrain très réaliste. Et cela a fait évoluer les choses. »

Nadège SIMON, directrice de Carbo France

 

« Le projet Cigéo concerne au premier plan les agriculteurs »

« Nous avions déjà mené des réflexions sur les besoins des agriculteurs par rapport à la production de biogaz [par méthanisation, ndlr]. Il était donc utile que l’on participe à la concertation pour discuter des attentes des uns et des autres et voir comment bâtir un projet ensemble. C’est important d’avoir ce genre de débat afin que les gens puissent réagir, donner leur avis, représenter leurs intérêts mutuels. Cela permet d’y voir plus clair et d’avoir une discussion avec tous les acteurs concernés. Les différentes opérations qui pourraient avoir lieu avec le projet Cigéo concernent au premier plan les agriculteurs. Il faut donc que la balle reste dans le camp de ceux qui sont sur le terrain et qu’ils puissent faire des choix en connaissance de cause. »

Gilles FRENE, responsable du département environnement à la chambre d’agriculture de la Meuse