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Anticiper l’avenir et la gestion des futurs déchets d’ITER

À Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, une installation expérimentale sur la fusion nucléaire est en cours de construction. Son nom ? ITER(1). Si sa mise en service n’interviendra que dans plusieurs années, les principes de gestion de ses futurs déchets radioactifs sont dès aujourd’hui en train d’être définis. En 2018, ITER Organization, le CEA et l’Agence ITER France ainsi que l’Andra(2) se sont ainsi réunis sur le site afin de présenter les conclusions d’une revue générale sur les options de gestion des déchets qui seront produits par l’installation.

ITER est un projet d’installation de recherche internationale sur la fusion nucléaire (voir encadré) en cours de construction dans le Sud de la France. Très en amont de la mise en service de cette installation, des réflexions ont été engagées sur la façon de gérer les déchets radioactifs qui y seront produits. Les premiers contacts avec l’Andra, en charge de la gestion des déchets radioactifs français, ont été initiés dès 2007 et ont conduit, en 2016, à la signature d’un accord entre l’Agence et ITER Organization pour réaliser les études nécessaires en matière de gestion des déchets radioactifs (voir Journal de l’Andra n°11).

 

Différentes catégories de déchets

« Les déchets produits par ITER seront dans un premier temps de très faible activité, puis plus actifs au fur et à mesure de la montée en puissance du réacteur, explique Robert Mandoki, qui pilote la réflexion sur ce sujet à l’Andra. Il faudra donc gérer différentes catégories de déchets au fil du temps : déchets de très faible activité (TFA), puis de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC), et enfin de moyenne activité à vie longue (MA-VL). » La première phase du travail a donc consisté pour l’Andra à évaluer la stratégie de gestion de l’ensemble de ces déchets, proposée par ITER. Elle a donné lieu à une série de recommandations pour que les futurs déchets puissent être acceptés par les centres de stockage de l’Andra auxquels ils sont destinés.

 

Confiner le tritium

Les futurs déchets d’ITER auront une caractéristique majeure : ils seront chargés en tritium, un radioélément très mobile. « La concentration en tritium est un critère d’acceptation des déchets dans nos différents stockages, précise Robert Mandoki. ITER Organization a déjà prévu des procédés de traitement des déchets qui permettront d’en réduire la teneur en tritium, voire de récupérer une partie de ce tritium pour pouvoir le réutiliser comme combustible. »

De son côté, l’Andra a formulé différentes recommandations, consistant par exemple à développer des conteneurs de stockage innovants qui permettraient de mieux contenir le tritium. Elle accompagne en parallèle plusieurs projets de recherche comme le projet MACH 3, soutenu par le programme « Investissements d’avenir ». Initié en 2017, en partenariat avec d’autres organismes de recherche, en particulier le CEA, ce projet vise à étudier des conteneurs comportant des « piégeurs » de tritium. Autre projet accompagné par l’Andra : VALOFUSION, qui s’intéresse à un procédé de traitement des déchets métalliques fortement tritiés. Enfin, le programme européen TRANSAT vise à accroître encore les connaissances techniques sur le comportement du tritium afin d’en réduire l’impact sur l’environnement.

 

 

(1)International Thermonuclear Experimental Reactor


(2)ITER Organization est le maître d’ouvrage et futur exploitant de l’installation ; le CEA est l’« organisation hôte » du projet ITER ; l’Agence ITER France est une entité autonome administrativement et budgétairement, créée par décret interministériel au sein du CEA, pour mettre en œuvre les engagements pris par la France dans le projet ITER en tant qu’État hôte ; en particulier l’Agence ITER France pilote la mise en place d’une filière pour la prise en charge des déchets tritiés issus de l’installation ITER, en coopération avec l’Andra et assurera la maîtrise d’ouvrage de la construction d’une installation nucléaire de décroissance destinée à accueillir ces déchets tritiés d’ITER ainsi que ceux issus d’activités civiles menées en France utilisant du tritium. Il est également prévu à ce jour que le CEA/Agence ITER France soit en charge des opérations de démantèlement de l’installation nucléaire de base ITER sur la base des contributions spécifiques des partenaires internationaux, collectées par ITER Organization.

 

 

 

Qu’est-ce qu’ITER ?

ITER est un projet d’installation de recherche en construction en France, à Cadarache. Il fait l’objet d’une collaboration internationale entre la Russie, la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Union européenne.

Conçu pour démontrer la faisabilité scientifique et technologique de l’énergie de fusion, ITER sera la plus grande installation expérimentale de ce type. La fusion est à l’origine de l’énergie du soleil et des étoiles : quand des noyaux d’atomes légers fusionnent pour former des noyaux plus lourds, une grande quantité d’énergie est libérée. La recherche sur la fusion vise à maîtriser cette source d’énergie.

Pour en savoir plus sur ITER :  https://www.iter.org/