Ces scientifiques à l’origine de la médecine nucléaire
De nombreux physiciens, chimistes, ingénieurs et médecins ont contribué à l’émergence puis au développement des médicaments et techniques utilisées pour diagnostiquer et soigner en utilisant les propriétés de la radioactivité.
Emilio Segré
Originaire d’Italie où il étudie et enseigne la physique nucléaire, puis naturalisé Américain en 1944, Emilio Segré est réputé dans le secteur médical et de la recherche pour avoir découvert le technétium. Un élément chimique qui n’apparaissait pas dans le tableau de Mendeleïev en 1937 et qui, depuis, s’est pourtant imposé dans le quotidien des praticiens de la médecine nucléaire. Son isotope 99m est ainsi utilisé dans 75 % des examens scintigraphiques aujourd’hui pratiqués dans le monde.
Irène et Frédéric Joliot-Curie
Sur la voie de ses parents Marie et Pierre Curie, Irène Joliot-Curie a marqué l’histoire de la radioactivité, et en particulier celle de la médecine nucléaire. Avec son mari Frédéric, ils ont ainsi contribué à développer les usages de la radioactivité artificielle. Autrement dit, ils ont démontré qu’on pouvait fabriquer des éléments radioactifs.
Ils ont développé les applications concrètes de cette découverte, dans le domaine médical en particulier. Ainsi il est devenu possible de fabriquer des traceurs ou marqueurs radioactifs pour aller explorer in vivo le fonctionnement des cellules et organes, et détecter des anomalies comme des cancers. Pour cette découverte ils ont d’ailleurs reçu le prix Nobel de chimie en 1935.
Hal Anger
Dans la pratique et la diffusion de la médecine nucléaire, le cyclotron, qui produit des radionucléides capables de tracer et détruire les tumeurs, a été une première grande révolution technique.
La gamma-caméra, capable de mettre en images les parties du corps humain où des radionucléides émettant des rayons gamma ont été injectés, a constitué une deuxième révolution. Cette invention, on la doit à Hal Oscar Anger, un ingénieur américain et biophysicien ayant énormément collaboré, au sein de l’université de Californie, avec Ernest Orlando Lawrence, l’inventeur du cyclotron.
Ernest Orlando Lawrence
Physicien américain né en 1901, Ernest Orlando Lawrence est particulièrement reconnu pour l’invention du cyclotron. Un instrument dont l’immense utilité médicale lui a valu de recevoir le prix Nobel de physique en 1939. Car le cyclotron permet d’accélérer les particules pour justement créer des isotopes radioactifs, aussi appelés radionucléides. Aujourd’hui, si son invention a bénéficié d’améliorations continues, elle est toujours utilisée dans les structures de santé et de recherche.
Le saviez-vous ? Des pacemakers à pile nucléaire
À partir de 1970 et jusqu’à la fin des années 1980, quelque 3 000 stimulateurs cardiaques au plutonium 238 ont été implantés dans le monde, dont 872 en France. Ce type de stimulateur utilisait en effet l’énergie thermique libérée par les rayonnements alpha du plutonium lors de sa désintégration, laquelle était ensuite transformée en électricité. Évidemment le plutonium 238 était enfermé dans un boîtier à plusieurs couches métalliques afin de protéger le patient des rayonnements.
Les pacemakers au plutonium 238 ont été abandonnés au profit des pacemakers à pile iode/lithium tout aussi robustes sur la durée, mais sans risque d’irradiation en cas de défaillance du boîtier hermétique. Toutefois, ces pacemakers fonctionnent encore chez certains patients. Les personnes implantées « types » avaient en effet 75 ans en 2010 et les plus jeunes à peine 40 ans. Au décès des patients, les pacemakers sont retirés et renvoyés aux fabricants pour pouvoir être évacués vers les bonnes filières de gestion.