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Médecine nucléaire : dans les coulisses du service du CHRU de Nancy

Dans le service de médecine nucléaire du centre hospitalier régional de Nancy, on trouve du matériel et des technologies de dernière génération pour pratiquer la médecine nucléaire, ainsi qu’une unité de radiothérapie interne vectorisée (RTIV) agrandie et rénovée. Des installations modernes encadrées par des mesures strictes de radioprotection et de gestion des déchets, radioactifs afin de garantir aux patients un parcours de soins de qualité, en toute sécurité. 

Appareil d’imagerie médicale de type gamma-caméra

C’est sur le site de Vandœuvre-lès-Nancy, au cœur des hôpitaux de Brabois, que le service de médecine nucléaire de la région accueille chaque jour une centaine de patients. « Au quotidien, nous pratiquons en moyenne 50 examens TEP (tomographie par émission de positons) et la même proportion de scintigraphies. Et environ une dizaine de patients sont hospitalisés chaque semaine pour des radiothérapies internes », détaille Anabelle Mathieu, conseillère en radioprotection (CRP) au sein du service.

Ici, les 60 manipulateurs, médecins nucléaires, radiopharmaciens, physicien, secrétaires et CRP bénéficient d’un vaste espace et d’appareils dernier cri pour prodiguer des soins de qualité. Au deuxième sous-sol du bâtiment principal, le service dispose en effet de trois caméras TEP numériques et de six gamma-caméras réparties dans des salles d’examens. Il accueille aussi un laboratoire de radio-immunoanalyse (RIA)(1). Et, plus haut, au 11e étage, il s’étend avec une unité dédiée à la radiothérapie interne vectorisée récemment agrandie et rénovée pour, si besoin, accueillir jusqu’à 14 patients traités pour des cancers de la prostate, de la thyroïde ou encore des tumeurs neuro-endocrines.

« Au quotidien, nous pratiquons en moyenne 50 examens de Tep Scan et la même proportion de scintigraphies.  »

Anabelle Mathieu, personne compétente en radioprotection (PCR)

Radioprotection : une attention permanente

« Les chambres du secteur RTIV sont radioprotégées pour limiter le risque d’exposition du personnel, c’est-à-dire que les murs sont protégés par une épaisseur de plomb, explique Laetitia Imbert, physicienne médicale en charge de la radioprotection des patients. De la même manière, chaque salle où se trouvent des caméras TEP et gamma-caméras a des parois épaissies au plomb, car elles sont souvent couplées à des scanners. L’épaisseur d’équivalent plomb dépend des caractéristiques techniques de l’appareil, du nombre de patients examinés chaque jour ou encore des pièces voisines de la salle d’examen. » 

Et l’attention portée à la radioprotection ne s’arrête pas là. Tous les accès se font par badge ou digicode. « À partir du moment où un membre du personnel (médical ou non) met un pied dans notre service, il doit être muni d’un dosimètre pour vérifier qu’il ne s’expose pas à une radioactivité supérieure à la réglementation », relate Anabelle Mathieu. 

Pour garantir la radioprotection des patients comme des travailleurs, le personnel du service reçoit régulièrement des formations. « Pour les travailleurs, nous réalisons et adaptons la formation aux besoins des métiers : on ne fait pas la même formation à un manipulateur qu’à une secrétaire médicale par exemple. En revanche, il y a des thèmes récurrents comme les différents types de rayonnements, l’utilisation des dosimètres ou encore l’effet des rayonnements ionisants sur les cellules », raconte Emmanuel Rouyer, également CRP au sein du service. « Pour la radioprotection des patients, c’est une autre formation. Elle sensibilise aux risques pour le patient. On explique comment les procédures d’imagerie sont optimisées, notamment par rapport aux médicaments radiopharmaceutiques qu’on injecte », ajoute Laetitia Imbert. 

Local déchets

Un circuit de gestion des déchets très spécifique

Le service s’appuie sur un plan de gestion très rigoureux, comme l’exige la règlementation, pour les déchets radioactifs à vie très courte (VTC) gérés en décroissance sur place, le temps que la radioactivité ait suffisant diminué. Ainsi, par exemple, tous les patients sont invités à utiliser des toilettes dédiées afin que leurs effluents soient recueillis dans des cuves. « On distingue les patients qui ont fait une scintigraphie, ceux qui ont passé un TEP scan et ceux qui sont hospitalisés au 11e étage. Pour les premiers, majoritairement examinés avec un radiopharmaceutique contenant du technétium, nous avons trois cuves de 3 000 litres pour récupérer leurs besoins puis les traiter en décroissance. Pour la partie TEP, on récupère les urines dans des cuves d’une centaine de litres. Comme la période radioactive du FDG(2) (et autres radiopharmaceutiques à base de fluor 18) principalement utilisé lors des examens TEP est très courte, une vidange de la cuve est effectuée après 24 h de décroissance », précise Emmanuel Rouyer.

Et pour les effluents liquides des toilettes situées dans les chambres du 11e étage, des canalisations spécifiques permettent de les acheminer vers le 2e sous-sol où ils sont stockés au moins 180 jours dans sept cuves de 2 000 litres et 3 000 litres pour assurer la décroissance de leur radioactivité. 

« À partir du moment où un membre du personnel (médical ou non) met un pied dans notre service, il doit être muni d’un dosimètre pour vérifier qu’il ne s’expose pas à une radioactivité supérieure aux seuils légaux.  »

Anabelle Mathieu

Aux locaux prévus pour stocker ces cuves s’ajoute un grand espace d’entreposage des déchets solides. On y trouve notamment tout le matériel ayant servi à la préparation des médicaments radiopharmaceutiques et à leur injection (papiers de protection, gants). « Ce sont des DASRI, déchets d’activité de soin à risque infectieux. Ils sont tous collectés et acheminés vers le local déchets chaque jour et font l’objet d’une gestion spécifique : s’il n’y a aucune activité radiologique résiduelle, les sacs sont mis dans le circuit de l’hôpital avec tous les autres déchets DASRI. En revanche, si on a une activité à l’intérieur de ces sacs, ils sont entreposés le temps de leur décroissance radioactive », explique encore Laetitia Imbert. 

Néanmoins, si l’ensemble des déchets radioactifs liés aux activités d’imagerie et de radiothérapie interne du service de médecine nucléaire peuvent être gérés en décroissance en interne, puis évacués dans les circuits de gestion de déchets « classiques » une fois que la radioactivité a suffisamment diminué, certains déchets contaminés par des sources ayant une période de radioactivité supérieure à 100 jours doivent être pris en charge par ­l’Andra. « Le laboratoire de RIA accueilli dans notre service utilise ainsi du cobalt 57 dont la période est d’environ 270 jours. Tous les déchets potentiellement contaminés sont donc mis dans des fûts règlementaires pour être ensuite collectés et gérés par ­l’Andra », ajoute Anabelle Mathieu. « Ici, rien n’est donc laissé au hasard en matière de radioprotection et de gestion des déchets radioactifs. » 

 

(1) La radio-immunoanalyse (RIA) utilise des radionucléides pour mesurer, à des fins  de diagnostic,  des concentrations infinitésimales de substances,  telles les hormones, les vitamines et les médicaments, dans les fluides de l’organisme
(2) Fluorodésoxyglucose

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