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Nagra-Andra, 30 ans de coopération et d’échanges

Tim Vietor est responsable de la sécurité et de l’inventaire du stockage au sein de la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra), l’homologue suisse de l’Andra. Il revient sur près de trente années de recherches communes autour du stockage profond dans l’argile.

Comment a débuté la collaboration entre la Nagra et l’Andra ?

J’ai rejoint la Nagra en 2005, mais j’ai bien connu les pionniers à l’origine du laboratoire souterrain du Mont-Terri(1), qui marque le début de la collaboration entre nos deux agences. 

Au début des années 1990, les relevés géologiques réalisés lors du percement du tunnel autoroutier du Mont-Terri, dans le canton du Jura, avaient révélé la présence d’argiles à Opalinus, un type d’argile dont les propriétés d’imperméabilité, de densité, de souplesse et de capacité à confiner les éléments radioactifs correspondaient à nos attentes pour le stockage profond des déchets radioactifs. 

Dès 1996, l’Andra a fait partie des cinq premières organisations partenaires pour monter ce laboratoire souterrain international.

(1) Projet de recherche international pour la caractérisation hydrogéologique, géochimique et géotechnique d’une formation argileuse présente dans un site souterrain en Suisse.

Sur quoi portaient vos recherches communes ?

Nos premiers travaux ont consisté à caractériser cette formation géologique et à évaluer les méthodes de forage et de percement de tunnels. Ce qui fait les qualités de l’argile en constitue aussi les défauts : il fallait apprendre à travailler ce matériau. Au fil du temps, l’attention s’est concentrée sur les réactions de l’argile aux charges mécaniques, à l’effet de la chaleur, à la présence de gaz… 

Nous avons recherché les meilleurs moyens d’atténuer ces réactions. À partir de 2004, l’Andra a commencé à mener ses expériences dans son propre Laboratoire souterrain à Bure, où la formation argileuse du Callovo-Oxfordien est très similaire à la nôtre, bien que plus jeune de 20 millions d’années. 

Mais l’Andra a continué d’utiliser le laboratoire du Mont-Terri en raison de sa grande facilité d’accès. Par exemple, c’est là que les techniques de visualisation des fractures autour des tunnels ont été appliquées pour la première fois dans une roche argileuse.

« La rapidité avec laquelle l’Andra s’apprête à passer à l’échelle industrielle pour son stockage géologique est impressionnante »

Tim Vietor

La coopération se poursuit-elle ?

Bien sûr. Aujourd’hui, nous savons pouvoir compter sur l’argile comme barrière naturelle, et nous travaillons désormais sur des solutions de conception pour réaliser le meilleur stockage possible. Par exemple, un sujet majeur est l’optimisation des techniques d’excavation et de soutènement afin de limiter l’utilisation du béton. 

Pendant les premières années, l’Andra a posé les bases de ses recherches scientifiques au Mont-Terri. Depuis une quinzaine d’années, elle a considérablement augmenté l’intensité de ses travaux à Bure pour préparer Cigéo et nous nous rendons donc fréquemment sur le site pour bénéficier de ces avancées.

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