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Parrainage Andra/ARC-Nucléart: deux statues restaurées reviennent en Meuse/Haute-Marne

ARC-Nucléart est un laboratoire situé au sein du CEA de Grenoble et spécialisé dans la restauration d’œuvres d’art créées avec des matériaux organiques (bois, cuir, fibres végétales). Lié par un parrainage avec l’Andra, il a récemment restauré deux statues grâce à des techniques très sophistiquées. Les œuvres sont de retour en Meuse et en Haute-Marne.

Bar-le-Duc et Effincourt, village haut-marnais, ont retrouvé leurs statues en bois sous un jour neuf. A Effincourt, la Vierge à l’Enfant, en bois polychromé, datant du XVIIe siècle, reprendra sa place dans l’église. A Bar-le-Duc, une descente de croix provenant d’un retable du XVIe, également en bois polychrome, conservé au Musée barrois, a recouvré toute sa splendeur. Les deux œuvres ont été restaurées grâce au parrainage entre l’Andra et ARC-Nucléart. Débuté en 2015 pour 5 ans, cet accord permet, après repérage par des conservateurs des Antiquités et Objets d’Art, de financer la restauration d’objets anciens en faisant appel au savoir-faire d’ARC-Nucléart.

Au Musée barrois de Bar-le-Duc, retour de la descente de croix

la descente de croix (détail)

Mardi 2 avril, la descente de croix a été retournée au Musée barrois de Bar-le-Duc. Plusieurs représentants de la municipalité ainsi que la conservatrice du musée étaient présents. Christian Vernou (conservateur) et Florence Lelong (restauratrice) d’ARC-Nucléart ont expliqué, en détail, les techniques mises en œuvre pour restaurer l’élément de retable. Ils ont donné une conférence le lendemain sur ce même sujet. Une quarantaine de personnes passionnées de patrimoine les ont écoutés avec intérêt.

Effincourt retrouve sa Vierge à l’Enfant

la Vierge à l'Enfant et sa restauratrice, Florence Lelong

Une partie du conseil municipal d’Effincourt était réunie à la mairie du village, mercredi 3 avril pour le retour de la statue la Vierge à l’Enfant, restaurée par ARC-Nucléart dans le cadre du parrainage Andra. De la même façon, Christian Vernou et Florence Lelong ont décrit, photos à l’appui, les différents procédés mis en œuvre. La statue sera repositionnée dans l’église du village qui sera à l’honneur début juillet à l’occasion d’une « nuit à l’église ».

Christian Vernou, conservateur en chef du patrimoine d’ARC-Nucléart : "appliquer dans le domaine civile les propriétés de l’énergie du rayonnement gamma"

Christian Vernou

« Le laboratoire est né d’une idée : appliquer dans le domaine civile les propriétés de l’énergie du rayonnement gamma, soit pour des traitements fongicides ou de désinsectisation, soit pour consolider le bois : par polymérisation des 2 composants de la résine (styrène-polyester), on arrive à conserver l’état initial d’un objet. La méthode est unique au monde et permet de restaurer les objets en bois de toutes sortes, si leur état de dégradation est extrême. Pour des sculptures dont le l’état du bois est moins dégradé, et c’est le cas des 2 sculptures rapportées, d’autres traitements de consolidation du bois sont utilisés. Qu’il s’agisse de bois archéologique (pouvant remonter jusqu’au néolithique) ou de bois plus moderne (ayant quelques centaines d’années), le laboratoire ARC-Nucléart peut prendre en charge les objets en question.

Un tel travail répond à deux préoccupations : la préservation d’éléments du patrimoine historique (comme le parquet de l’Hôtel de Lesdiguières, à Grenoble, datant du XVIIIe siècle) et la conservation d’objets issus de fouilles archéologiques (comme les centaines d’objets provenant du lac de Charavine, en Isère ou le chaland découvert au fond du Rhône et exposé au musée de l'Arles Antique). La restauration proprement dite se déroule en trois grandes étapes. L’objet à restaurer est placé en salle de quarantaine, puis il est irradié (pour éliminer insectes et micro-organismes) pendant quelques heures. Commence alors le travail de restauration. L’étude approfondie de l’œuvre, de sa polychromie dans le cas de statues, va conduire à une sélection de différentes opérations de restauration (exemples : dépoussiérage, refixage, consolidation, pose de mastic, retouches colorées), pour lui redonner tout son lustre. C’est là tout l’art des restaurateurs : ne jamais interpréter ce qui ne peut pas l’être et de respecter l’histoire de l’objet.»

Les représentants d’ARC-Nucléart ont profité de ces déplacements pour prendre en charge deux nouvelles statues : un saint Vincent à Joinville et un saint Denis à Thonnance-lès-Joinville. Elles vont bénéficier de traitements appropriés à Grenoble.

descente de croix
Florence Lelong, restauratrice, et la descente de croix
conférence sur la statuaire
conférence sur la statuaire à Bar-le-Dic
musée barrois
la descente de croix au Musée barrois