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Transports des colis de déchets radioactifs : opération sous haute surveillance

Le projet de centre de stockage géologique en Meuse/Haute-Marne, Cigéo, accueillera, s’il est autorisé, les déchets de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL) actuellement entreposés sur leurs sites de production. Soumis à une réglementation internationale très stricte, le transport des colis de déchets, depuis leur site de production jusqu’à leur lieu de stockage définitif, fera l’objet d’un suivi très rigoureux. Objectif : garantir une sécurité maximale.

Qui est responsable du transport des colis de déchets radioactifs ?

Les producteurs de déchets radioactifs HA et MA-VL (Orano, EDF et le CEA) sont responsables du transport. Ils organisent et choisissent eux-mêmes leurs modes de transport et leurs transporteurs. Le transport est assuré par des sociétés spécialisées, agréées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L’expéditeur réalise la caractérisation complète des colis à transporter. Cela permet au transporteur de définir le type d’emballage à utiliser et de spécifier les conditions du transport.

70% des colis de déchets HA et MA-VL proviendront de l’usine de retraitement de La Hague (Orano). Au total, près de 150 000 colis seront expédiés de La Hague vers Cigéo durant toute la durée de fonctionnement du centre, si celui-ci est autorisé (plus de 100 ans).

Comment les déchets seront-ils acheminés ?

Les colis de déchets HA et MA-VL sont transportés dans des emballages spécifiques conçus pour rester parfaitement étanches même en cas d’accidents sévères (collision, incendie, immersion…). Selon les orientations retenues par les producteurs, ils arriveront essentiellement par train depuis les sites des producteurs, où ils sont actuellement entreposés, directement jusqu’à Cigéo (via la création d’une voie ferrée d’environ 14 km – l’installation terminale embranchée – de Gondrecourt-le-Château à Cigéo). Seuls quelques colis de déchets MA-VL (en provenance du site de recherche du CEA à Valduc) transiteront en camion par la route.

Au démarrage du stockage de déchets radioactifs, les flux sont estimés à environ 8 trains par an. Ensuite, le flux s’intensifierait pour atteindre 76 trains par an, soit une moyenne d’environ 6 trains par mois.

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des colis de déchets radioactifs transportés en France sont en lien avec l’industrie nucléaire.

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transports concernent le combustible usé (sur les 19 000 transports annuels).

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Sur 15 millions de substances dangereuses transportées chaque année en France, 1 % sont radioactives.

Comment seront-ils contrôlés ?

À leur départ et dès leur arrivée, les colis de déchets radioactifs seront contrôlés : vérification des documents administratifs de transport, contrôles radiologiques (irradiation et contamination). Le moindre écart constaté par rapport à la réglementation ferait l’objet d’une information au producteur et à l’ASN. Des contrôles seront également effectués par l’ASN, principalement par des inspections menées sur les sites des producteurs ou de l’Andra.

Une réglementation très stricte

En France, c’est l’ASN qui contrôle la sûreté et la radioprotection du transport des substances radioactives. Le point sur la question avec Thierry Chrupeck, adjoint au directeur du transport et des sources à l’ASN.

Une approche graduée

Le transport de substances radioactives est régi notamment par l’arrêté du 29 mai 2009, dit « arrêté TMD », relatif aux transports de marchandises dangereuses par voies terrestres, qui est une transposition en droit français de la réglementation internationale. « Cette réglementation internationale couvre la totalité des transports selon une approche graduée. Plus les transports présentent des enjeux forts et des risques élevés, plus les exigences en matière de sûreté et de démonstration de leur atteinte sont importantes. »

Le principe de défense en profondeur

Ce transport s’articule autour de trois axes pour maîtriser les risques en profondeur : la robustesse par la conception des colis, la fiabilité des opérations de transport et la gestion des situations d’urgence. « Le colis doit apporter à lui seul une bonne protection des personnes et de l’environnement. La fiabilité des opérations vise à prévenir le risque d’anomalies, d’incidents ou d’accidents à travers notamment la formation des opérateurs, mais aussi le management de la qualité des opérations (marquage et arrimage des colis, signalisation des véhicules, etc.). Enfin, les acteurs du transport doivent se préparer aux situations d’urgence à travers des plans de prévention, des audits de leurs procédures, des exercices de crise. »

Radioprotection : un encadrement réglementaire précis

Les colis de transport sont composés de plusieurs types de matériaux qui permettent de réduire les niveaux de rayonnement pour les rendre inférieurs aux limites fixées par la réglementation (1 millisievert par personne et par an pour le public). Celle-ci établit que la quantité de rayonnements reçus par une personne qui resterait à 2 m d’un véhicule pendant une heure n’excède pas la limite de 0,1 millisievert quel que soit le type de déchets transporté. « Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une personne qui se tiendrait à 2 m du véhicule devrait y être pendant plus de dix heures pour atteindre la limite de dose annuelle acceptable pour le public. La réglementation du transport permet donc d’être largement en dessous de la dose maximale admissible pour le public. »

Pour en savoir plus sur la surveillance des transports de colis de déchets radioactifs

Les emballages : des forteresses d’acier

Au coeur de ce dispositif de sûreté très rigoureux : l’emballage de transport des colis de déchets HA et MA-VL. Les explications de David Ohayon, directeur Business Line Waste chez ORANO NPS.

Depuis 50 ans, Orano organise le transport des substances radioactives en France et partout dans le monde. Sa responsabilité s’étend de la conception de l’emballage, en passant par son agrément par l’ASN, sa fabrication, sa maintenance et jusqu’au transport sur le site définitif de stockage. « La sûreté du transport repose en premier lieu sur les emballages : ils sont conçus pour assurer la protection des personnes et de l’environnement en toutes circonstances, quel que soit le mode de transport utilisé. »

Lors de leur conception, « ces véritables forteresses de 1,5 tonne d’acier pour 15 kg de substance radioactive » sont soumises à des séries de tests réglementaires. Destinés à démontrer leur résistance à des conditions accidentelles extrêmes (feu d’hydrocarbure enveloppant à 800 °C, chute de 9 m sur une surface indéformable, immersion sous 15 m de profondeur…), ces « crashs tests » sont surveillés et validés par l’ASN qui effectue des contrôles à toutes les étapes de la vie des colis. « Cinq à sept ans de conception sont nécessaires pour obtenir un certificat d’agrément de l’ASN. »

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C’est le nombre d’événements qui ont été déclarés à l’ASN en 2019 pour le transport de substances radioactives (sur environ 770 000 transports annuels pour 980 000 colis).

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85 sont classés au niveau 0 (écart) à l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (INES).

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sont classés au niveau 1 (anomalie). Ils n’ont conduit ni à la dispersion du contenu du colis dans l’environnement, ni à des expositions significatives de personnes.

Utilisée au plan international depuis 1991, l’échelle INES (International Nuclear Event Scale) comporte 8 niveaux, de 0 à 7. Les niveaux 1 à 3 correspondent à des « incidents », les niveaux 4 à 7 à des « accidents ».