Dans les coulisses du Laboratoire
Pour mener à bien leurs expérimentations, les équipes du Laboratoire souterrain de l’Andra peuvent compter sur le support du service d’exploitation, qui veille à ce que tous les équipements fonctionnent dans des conditions de sécurité très strictes.
« À l’occasion d’une journée portes ouvertes du site au grand public, un visiteur m’a demandé comment c’était en dessous, s’il y avait des stalactites et des stalagmites, explique en souriant Sarah Dewonck, cheffe adjointe du Centre de Meuse/ Haute-Marne et directrice du Laboratoire souterrain. C’était il y a presque vingt ans et il n’était pas possible de faire descendre des personnes dans le Laboratoire. Je pense qu’il y a tout un imaginaire à la Jules Verne sur le monde souterrain. Alors que cette couche d’argile est du genre sèche, grise et assez homogène, donc autant dire plutôt monotone, surtout pour un géologue ! »
Gérer la capacité d’accueil

Au-delà de l’imaginaire que peut susciter un réseau de galeries creusé à environ 500 mètres sous terre, le Laboratoire est exploité comme n’importe quel site industriel. Ou presque… Et l’Andra a fait le choix d’assurer cette tâche elle-même. « C’est beaucoup de responsabilité, mais c’est aussi très valorisant, estime Vincent Toussaint, chef du service d’exploitation du Laboratoire. Nous sommes présents 24 heures sur 24 la semaine. Chaque lundi à 5 heures, nous faisons une inspection des puits et galeries pour nous assurer que nous pouvons ouvrir le Laboratoire dans de bonnes conditions. »
Premiers garants de la sécurité et du bon fonctionnement du site, les équipes d’exploitation – qu’elles soient en salle de conduite ou sur le terrain – jouent un rôle essentiel dans la gestion quotidienne du Laboratoire souterrain : supervision de la coactivité, contrôle des zones de stockage, pilotage de la ventilation, respect des consignes de sécurité, etc. En effet, de nombreuses personnes interviennent dans le Laboratoire : les scientifiques, les opérateurs en charge de la maintenance, les entreprises qui réalisent les creusements, etc. Il faut s’assurer que le nombre maximal de personnes autorisées dans l’installation (70 personnes) n’est pas dépassé. Savoir précisément qui intervient et à quel moment permet également de gérer l’utilisation des ascenseurs et les flux de la cage à matériel.
Depuis la salle de conduite en surface, les équipes opérationnelles supervisent donc la capacité d’accueil des personnes, la capacité logistique, mais aussi la capacité de stockage de matériaux. Car, même si le Laboratoire s’est agrandi au fil du temps, l’espace reste contraint et les équipes dans les galeries doivent suivre avec rigueur tout ce qui est stocké dans les galeries.
Assurer la maintenance

En complément de la maintenance réalisée sur les installations par le prestataire Altrad Endel et les équipes de l’Andra, les 39 personnes que compte le service d’exploitation réalisent l’entretien du génie civil des galeries, comme la rénovation des revêtements ou des radiers de sol. Par ailleurs, l’équipe s’attache à maintenir un bon niveau d’organisation, rangement, nettoyage et dépoussiérage des galeries. Et parce que plus on creuse, plus il faut évacuer les terres excavées, le service d’exploitation s’occupe aussi de la mise en verse(1) de ces terres en surface.
Enfin, un autre enjeu majeur quand on évolue en milieu souterrain est la ventilation. « L’air entre par le puits d’accès principal et ressort par le puits auxiliaire, explique Vincent Toussaint. Les flux d’air sont pilotés pour fournir le bon débit au bon endroit, les besoins étant par exemple plus importants pendant les phases de creusement. »
(1) Partie des installations de surface destinée à stocker les déblais. Par extension, déblais stockés en surface.
Garantir la sécurité
La variété des interventions et la configuration du site exigent bien sûr une politique sécurité très spécifique. « Comme sur tout chantier, des mesures de protection collectives et individuelles sont mises en place, explique Sarah Dewonck. On peut citer des dépoussiéreurs très puissants, du même type que ceux utilisés sur le chantier du Grand Paris Express, ou encore des bouchons d’oreille moulés sur mesure. Et bien sûr nous sommes très exigeants en matière de contrôle des dispositifs de sécurité, notamment en ce qui concerne les ascenseurs ou les refuges de secours. »
Des exercices sont réalisés régulièrement et les équipes sont formées pour mettre en sécurité les intervenants dans l’installation en cas de nécessité.
ÇA MONTE ET ÇA DESCEND !
Le Laboratoire souterrain compte deux puits. Le premier, dit « puits principal d’accès », est utilisé pour le transport du personnel, du matériel et l’extraction des matériaux de roche excavés. Il comprend un ascenseur d’une capacité de 14 personnes, un ascenseur de secours (huit personnes) et une cage à matériel qui peut supporter 5 tonnes.
De son côté, le « puits auxiliaire » sert également au transport du personnel, ainsi qu’à celui de charges exceptionnelles. Il comprend aussi un ascenseur d’une capacité de 14 personnes et un ascenseur de secours (huit personnes), et un treuil de charge de 10 tonnes. Chaque puits fait l’objet de 16 heures de maintenance préventive chaque semaine. Au total, les deux puits permettent d’effectuer chaque année 21 500 allers-retours.